Le chevet intérieur s’élève sur 18 m de hauteur et présente trois niveaux. Au premier niveau, le mur de 1,5 m d’épaisseur, était jadis percé de trois baies en lancette, comme nous pouvons le voir à l’extérieur. La fermeture des baies, en 1768, permit l’installation d’un retable de bois polychrome. La partie haute de ce niveau du rez-de-chaussée est composée d’un grand arc de décharge souligné par un tore qui s’amortit sur les cordons de chaque côté de la nef.
Au second niveau, l’élégant triforium à claire-voie, du début du XIIIe siècle, est formé de cinq légères arcatures. Celles-ci sont subdivisées en baies géminées trilobées supportées de triples colonnettes à chapiteau. La vitrerie qui garnit ces baies date de la restauration de 1889.
Une petite corniche, constituée de tores, sépare le triforium de l’étage supérieur.
Le retable
Ce retable fut probablement mis en place lors des aménagements réalisés par le curé Félix Petit au XIXe siècle. Il cache trois baies originelles en lancettes qui s’ouvraient à l’Est. Dans un style néo-classique, ce grand panneau de bois cherche à imiter les effets décoratifs de la pierre et notamment du marbre. Les angelots de la guirlande supérieure ne sont pas en pierre taillée mais ont été réalisés en papier mâché. Les pilastres cannelés, les chapiteaux corinthiens, les rubans, nœuds et guirlandes ainsi que le fronton triangulaire qui couronne la composition, sont tous issus du vocabulaire antique et repris au XIXe siècle. Afin de s’insérer dans les dimensions de la nef, le retable en bois a dû être retaillé. C’est notamment visible au niveau des chapiteaux corinthiens et cela prouve que le retable n’a pas été conçu sur place pour l’église de Brie mais a été rapporté et installé pour convenir à l’espace.
Le tableau
L’ornement majeur du retable est un grand tableau représentant la prédication et le martyre de saint Étienne, sous le vocable duquel est placée l’église.
Son récent démontage a été l’occasion de mener à son sujet des recherches qui viennent corriger une attribution au peintre Despeigne et une datation incohérente.
Il s’agit en fait d’une médiocre copie d’un tableau d’Abel de Pujol, disciple de David.
L’original se trouve en l’église Saint-Thomas-d’Aquin à Paris.
L’autel
L’antependium
Le panneau du maitre autel est une sculpture de la 1ère moitié du XVIIe siècle en bois doré sur fond bleu représentant la lapidation de saint Étienne.
La table
Une pierre tombale a été utilisée comme table de l’autel.
La grande rose
La grande rose, au réseau de pierre, se situe au troisième niveau. De son anneau central ajouré rayonnent douze colonnettes. Elles naissent de socles carrés et se terminent par des chapiteaux à crochets. Douze petits arcs trilobés, s’appuyant sur les tailloirs des chapiteaux, viennent tangenter le pourtour circulaire de la rose (ou archivolte).
Cet harmonieux réseau de pierre enchâsse le joyaux de l’édifice : un ensemble de panneaux de vitraux imageant le Christ en majesté, au centre, entouré de ses douze apôtres certains tenant leur emblème. Dans les quadrilobes périphériques, un calendrier représente les douze mois de l’année.
Lecture du calendrier de la rose :
(les mois hivernaux sont en bas de la rosace, l’été est en haut vers la lumière)
Janvier : Janus est attablé pour les fêtes de l’Épiphanie. C’est le dieu romain des portes, symbole de l’ouverture de l’année. Ici, il a trois visages (le passé, le présent, le futur) comme dans la cathédrale de Chartres. Le plus souvent il n’a que deux visages.
Février : un homme se chauffe près du feu, il est vêtu d’un épais manteau à capuche.
Mars : on taille les ceps de vigne avec la serpette après les dernières gelées.
Avril : c’est le printemps, un jeune homme est désigné prince de la jeunesse pour un an. Il présente des bouquets, symbole de la renaissance de la nature.
Mai : lors d’une chasse au faucon, un jeune seigneur à la main gantée se tient sur son cheval.
Juin : c’est la fenaison, on coupe l’herbe fraiche. Un paysan tient la faux par deux poignées. Il est vêtu d’une tunique courte et d’un chapeau à large bord.
Juillet : pour la moisson, on coupe les blés et on les assemble en bottes. Le paysan tient une faucille à lame dentelée. Il coupe le blé très haut afin de laisser du chaume pour les bêtes. Sa tête est protégée, il est vêtu d’une chemise, d’une tunique, de braies et de chausses.
Août : c’est le battage du blé au fléau pour extraire les grains de blé de leur enveloppe. La tête du paysan est couverte d’une cale, il est torse-nu.
Septembre : pour les vendanges, un homme coupe le raisin à la serpette, les raisins tombent dans un panier d’osier. Il porte une cale, une tunique et une braie.
Octobre : avec le ouillage, avant d’obstruer le tonneau pour le vieillissement du vin, le vigneron remplit totalement le tonneau pour ne pas laisser l’air oxyder le breuvage.
Novembre : c’est la glandée, on mène les porcs sous les chênes pour qu’ils s’engraissent. Le vent froid de l’automne soulève l’écharpe du porcher. Il utilise un bâton pour faire tomber les glands des arbres. Le porc qui ressemble à un sanglier avec ses canines sortantes et ses poils drus fait penser à la race ibérique à poils noirs.
Décembre : un arbre est enneigé, c’est le moment de tuer le cochon et de préparer la fête. Le porc engraissé a la panse bien ronde.
Les apôtres
À l’époque romane (fin XIe et début XIIe), les apôtres n’ont pas d’autres attributs qu’un livre, seul Pierre porte les clefs.
Au XIIIe siècle, on commença à mettre entre leurs mains les instruments de leur supplice : Paul (épée), André (croix), Jacques le Mineur (massue), et Barthélémy (couteau). Quant à Philippe, Matthieu, Simon, Jude et Mathias, dont la physionomie était plus effacée et la légende moins connue, ils n’eurent jamais d’attributs parfaitement fixes. Ceux-ci portent des livres ou des épées qui rappellent une mort violente (E. Mâle). Nous sommes dans cette configuration pour lire la grande rose de l’église de Brie-Comte-Robert.
André : il est le premier à suivre le Christ, il meurt crucifié et est représenté avec la croix, symbole de son martyr.
La tradition de la croix de Saint André émerge seulement à partir du XIVe siècle.
Barthélémy : ne joue aucun rôle dans les Évangiles ou Actes des Apôtres. Il évangélise la Mésopotamie jusqu’aux Indes. Il est écorché vif sous ordre du roi Astyage. Il est représenté avec sa peau sur son épaule et tient le couteau de son supplice. C’est le saint patron des corps de métiers qui travaillent la peau comme le tanneur ou le boucher.
Jacques le Majeur : il est le premier martyr à mourir décapité. C’est le frère ainé de l’apôtre Jean. Il est présent lors de la Transfiguration et la Crucifixion.
Matthias : remplace Judas après sa trahison. Ici, il tient l’épée car il fut décapité à Jérusalem par les Juifs. Il évangélisera la Judée.
Matthieu : exerçait le métier de percepteur des impôts à Capharnaüm, il évangélise l’Éthiopie. On lui attribue la rédaction du premier des évangiles. Son attribut est l’épée car il fut décapité.
Jean-Baptiste : c’est le dernier des prophètes, il baptise Jésus et le reconnait comme le messie lorsque l’Esprit Saint descend sur lui. Il mène une vie spirituelle dans le désert près du Jourdain. Il est représenté avec une peau en poils de chameau et l’agneau crucifère. Il tient l’épée car il a été décapité.
Jean : il suit Jésus avec Jacques et Simon. Il assiste à la Transfiguration qui a révélé la nature divine du Christ. Il est présent au Mont des Oliviers et lors de la Crucifixion. Il évangélise l’Asie. Il tient ici l’Évangile.
Thomas : l’incrédule qui doutera de la résurrection de Jésus. Il évangélise les Indes.
Philippe : il est originaire de Galilée et meurt crucifié. Il est présent lors de la multiplication des pains.
Pierre : il tient en principe les deux clefs du ciel et de la terre et devient le portier du Paradis. Pécheurs sur le lac de Tibériade avec son frère André, ils sont les premiers appelés par Jésus. Il a été crucifié pendant les grandes persécutions chrétiennes de Néron, la tête en bas car ne voulant pas la même mort que le Christ. Il est souvent représenté avec une tête ronde et des cheveux bouclés. Il évangélisera Rome.
Paul : persécuteur des premiers chrétiens, il se convertit sur le chemin de Damas. Il n’a pas connu Jésus. Il est représenté chauve avec son épée comme attribut car il a été décapité en sa qualité de citoyen romain.
Jacques le Mineur : il fut chef des chrétiens de Palestine. Son attribut est un bâton de foulon qui fut l’instrument de son martyre.