Les travées sont par convention numérotées à partir du portail principal ouvert sur la façade Ouest.

En dépit d’une impression d’unité architecturale, nous pouvons constater deux époques de construction : XVIe siècle pour les premières travées et XIIIe siècle pour les plus éloignées.

Les différences concernent les voûtes et les piliers.

S’agissant des voûtes, le principe constructif est identique mais les profils des arcs ne le sont pas. La différence est encore plus nette pour les piliers du XVIe siècle qui sont polylobés et ne comportent pas de chapiteaux.

Élévation de la nef en trois niveaux, dessin de B. Vitry

Cette différence entre les piliers nous met sous les yeux la différence de traitement de l’appui des arcs doubleaux de la nef selon les époques.

Au XIIIe siècle le doubleau et les arcs ogivaux se poursuivent par une colonnette sous le chapiteau du deuxième niveau.

Au XVIe siècle, nous trouvons une colonne engagée jusqu’au bandeau d’appui des fenêtres hautes. Sur les deux premières travées (en partant de l’entrée ouest) la triple colonnette a été remplacée par une colonne unique et un chapiteau d’aspect corinthien classique.

L’essor de l’architecture gothique concorde avec l’usage raisonné, habituel, de la croisée d’ogive et de l’arc boutant. De Lombardie, d’Angleterre, de Normandie, d’Ile de France, où la voûte sur croisée d’ogives apparaît dès la fin du XIe siècle et dans les premières années du XIIe siècle ; elle se répand rapidement dans tout le monde chrétien. Là où l’on n’avait pas osé couvrir de voûtes les larges vaisseaux des églises, en Normandie par exemple, la croisée d’ogives apporte la solution ; autre part , dans l’Est, on la monte sous les clochers pour renforcer la construction ; en Bourgogne, en Rhénanie, où depuis longtemps on savait construire des voûtes d’arêtes, on l’emploie dans la nef, où la voûte est lancée plus haut et la surface à couvrir est plus grande, quitte à conserver la voûte d’arêtes sur les collatéraux. Rapidement, la voûte sur croisée d’ogives est universellement adoptée et les autres types de voûtes sont abandonnés.

MARCEL AUBERT (1884-1962) BULLETIN MONUMENTAL